Review VF – Batman La Légende Tome 2

Critique de Batman La Légende Tome 2 Jim Aparo
Les points positifs :
  • Le paquet de personnages guests
  • Du mystère à l’ancienne
  • Batman par Aparo, cébô
Les points négatifs :
  • L’oubli de quelques nums après le #151
  • Une Catwoman d’un autre temps
  • 544 pages, ça doit se digérer

« Je parie que Bambi est devenu fou lorsqu’il n’a pas eu sa dose de nicotine » – Batman


  • Scénario : Bob Haney, Archie Goodwin, Cary Burkett Dessin : Jim Aparo

Un an après le premier tome, Urban sort la suite des aventures de Batman tirées des pages du comics The Brave and the Bold, sous le pinceau du célèbre Jim Aparo. Selon le concept du titre The Brave and the Bold, le Chevalier Encapé se verra associé à un allié temporaire différent à chaque épisode, qui l’aidera dans sa quête de justice. Collectant les numéros de la série de #123 à #151, en omettant les quelques-uns non-dessinés par Jim Aparo, ainsi que les Detective Comics #437 et #438, soient les premiers profitant du trait d’Aparo, c’est tout un pan de l’histoire du Chevalier Noir qui va s’abattre devant vos yeux avec ces histoires de la fin des années ’70.

Mais pour commencer par râler, on se demande pourquoi DC Comics, puisqu’Urban n’a fait que s’aligner sur le contenu des deux tomes VO Legends of the Dark Knight : Jim Aparo, a choisi de ne pas collecter la totalité des numéros réalisés par le tandem Jim Aparo – Bob Haney, en effet les volumes s’arrêtent au numéro #151, or les numéros #152, #154, #155, #157 (avec Kamandi !) et bien d’autres ont également été apportés par le même duo ou, au minimum, ont été dessinés par Aparo. Dommage également que la sélection s’arrête au critère du dessinateur, ce qui nous fait des trous dans le recueil avec comme numéros manquants les issues #137 (avec le Démon Étrigan en team-up !), et #146 (avec le Soldat Inconnu), respectivement dessinés par John Calnan et Romeo Tanghal. Pour ces oublis qui ne seront probablement jamais collectés, les complétistes seront contraints de se tourner vers les singles…

Comme dans le premier tome, ce n’est donc pas une seule et même histoire qui dort dans ce tome mais une collection de petites intrigues, s’étalant sur un seul épisode, voire deux dans de rares occasions. Au fil de celles-ci, Batman affrontera des contrebandiers, des trafiquants de drogue, et autres mafieux avec un coéquipier temporaire. En effet, comme dans le premier tome, Bob Haney préfère recourir à de simples malfrats pour entraver Batman plutôt que de recourir à des vilains connus, même si le Joker, et une toute petite poignée d’autres visages connus, ne pourront s’empêcher de faire de brèves apparitions.

Une des questions qui saisit le néophyte est la suivante : ‘Est-ce que ces histoires ont mal vieilli ?‘ C’est relativement dur d’y répondre. Sans aucun doute, ces histoires proviennent d’un autre temps, en témoignent une Catwoman méconnaissable bien loin du love interest sexy de Bruce Wayne qu’on connaît aujourd’hui, ou encore les nombreuses références à la Guerre Froide, comme dans cette histoire où Aquaman et Batman tentent de reprendre un satellite de technologie atlante dérobé par les Russes, capable de révéler la position des sous-marins américains. Batman opère avec un autre style, il est bien loin du « Chevalier Noir » qu’il deviendra plus tard, et n’hésite pas à se balader en plein jour dans la rue aux côtés de Gordon ou de prendre un avion au milieu des civils, l’air de rien.

Si ces histoires ne sont pas tremblantes de noirceur, l’essence de Batman n’est pas trahie, en témoigne ce fantastique épisode avec Phantom Stranger, dans le The Brave and the Bold #145, où Batman tente d’arracher un criminel à l’emprise d’un caïd vaudou en exploitant la terreur qu’il inspire à la pègre. Il est sur le point de faire plonger le brigand dans la folie lorsque le Phantom Stranger l’arrête, le mettant en garde contre sa propre folie, qui ronge son cœur d’orphelin depuis des années. Batman se radoucit alors, et adopte le rôle de puissance protectrice qu’il représente également pour Gotham et ses habitants. Bob Haney, qui se concentre d’ordinaire sur l’action et l’aventure excitante, est pris ici d’un coup de génie en soulignant deux facettes de Batman qui s’opposent, puisque le justicier est à la fois le démon qui possède Gotham (et y a amené ses vilains) et son ange gardien. Le numéro offre d’ailleurs d’autres dialogues succulents, et l’utilisation du Phantom Stranger qui y est faite est mémorable, dégageant un aura d’omnipotence et de mystère qui subjugue tous les autres partenaires de Batman.

Pour le reste, le ton est généralement moins sombre, mais ne se départ jamais d’un certain faible pour le mystère, voire le fantastique. De nombreuses histoires font intervenir des situations louches, d’apparence surnaturelles, auquel l’esprit rationnel fera face pour en révéler une énième machination criminelle qui n’a rien de très surnaturelle. Néanmoins, l’ambiance mystérieuse, où l’insaisissable frôle l’explicable, habite de nombreux épisodes, certains se terminant parfois par une coïncidence qui confirmera pour certains une intervention invisible, et qui pour d’autres sera uniquement le fruit du hasard. Bob Haney laisse le soin au lecteur de juger. Ainsi la malédiction de l’aigle de fer semble emporter le despote du Pathanistan à la fin du The Brave and the Bold #130 lorsque la foudre le frappe par un malheureux hasard et les précipite dans le vide ; ainsi les véritables fantômes du trafiquant Lazlo de sembler le rattraper à la fin d’une histoire du The Brave and the Bold #133, où la chute de ce caïd aura été permise auparavant par les faux fantômes de Deadman, lequel y imite des personnages du passé pour pousser Lazlo à dévoiler la vérité.

Du mystère à foison, vous l’aurez compris, que Bob Haney pimente d’un bon gros zeste d’action qu’il verse allègrement dans ces histoires. Vous trouverez des voyages autour du monde tandis que Batman explore la Birmanie, les fonds marins, l’espace, l’Europe de l’Est, ; des pièges diaboliques, d’où il n’arrivera à sortir que grâce à l’aide de son ami Mister Miracle ; des animaux dangereux que Batman affronte à mains nues, et ils sont nombreux : panthères, jaguars, pythons, poulpes (des années avant Grant Morrison dans Batman Incorporated), orques et requins (des années avant le super Batman : Venom de Dennis O’Neil). En plus de son penchant pour les périples autour du monde, Bob Haney présente un autre point commun avec le scénariste Dennis O’Neil, à savoir sa conscience des dangers de la drogue. Sans trop se concentrer sur les effets de ces drogues sur les jeunes, au contraire de O’Neil, les trafiquants sont tout de même des ennemis récurrents de Batman dans ce volume, trahissant des préoccupations réalistes (on se souvient de l’épisode avec les Teen Titans dans le tome précédent qui abordait les problèmes de logement rencontrés dans certains quartiers). Ces thèmes bien terre-à-terre cohabitent avec des aventures parfois farfelues, aux relents du Silver, comme lors de cette épisode où Supergirl va si vite qu’elle dépasse le signal d’un téléphone vers un satellite, atteignant celui-ci avant lui pour le détruire (sic !).

Pour en revenir à l’action, Jim Aparo soutient à la perfection cet aspect. Son Batman aux muscles noueux fait preuve d’une souplesse réjouissante sous son trait, bondissant à droite pour renverser un brigand avec ses deux pieds joints, rebondissant à gauche pour en assommer un autre avec le plat de la main, tandis que sa cape bleue vole derrière lui, donnant une ampleur encore plus impressionnante aux mouvements du Croisé Encapé. Les couleurs sont plus gaies que dans bien des histoires actuelles, mais il y a des chances que loin de vous refroidir, ça vous réchauffe plutôt l’œil avec ces tons vifs inhabituels qui, rassurez-vous, traînent dans des teintes bien moins fluos que les images qui accompagnent cette review le laisseraient présager. Ce n’est pas pour autant qu’elles ne parviennent pas à instaurer un climat plus inquiétant, plus mystique, comme sur la somptueuse première page du Detective Comics #438, où, sous une pluie diluvienne, le manoir Wayne est éclairé par un éclair qui zèbre le ciel, esquissant des lettres déchirées sur lesquelles on peut lire « Batman » dans une atmosphère gothique exquise.

La brièveté des histoires – deux numéros parfois mais en général un seul numéro – ajoute encore au rythme endiablé qui les animent. Les péripéties s’enchaînent, et hormis quelques séances explicatives qui posent le décor au début et soulèvent les derniers lambeaux de mystère à la fin, on passe de coup d’éclat en coup d’éclat, de cascades en cascades, de retournement de situation en retournement de situation. En effet, malgré la taille réduite de ses intrigues, Bob Haney prend tout de même le temps de duper le lecteur, l’emmenant sur de fausses pistes, jusqu’à soulever parfois de la révolte en lui comme dans ce numéro de The Brave and the Bold #134 où Batman va chercher Green Lantern, récemment passé à l’est, avec la consigne que si le Gladiateur d’Émeraude refuse de se rendre à l’occident, le Croisé Encapé devra le tuer pour l’empêcher de dévoiler des secrets aéronautiques à l’ennemi. Comment donc Batman va-t-il faire pour se tirer de cette situation difficile ?

Reste enfin un des grands avantages des histoires à team-ups : la farandole de personnages qui défile sous les yeux du lecteur, que Bob Haney s’emploie à différencier les uns des autres afin que l’on n’ait pas l’impression d’avoir à chaque fois un coéquipier lambda aux côtés du Batman. Ainsi le scénariste insiste sur la convoitise qui enflamme Green Arrow, sur la distance qu’a Aquaman vis-à-vis du monde de la surface lorsqu’il montre à Batman son détachement pour les tensions entre l’URSS et les USA (eh oui, il n’a pas fallu attendre Geoff Johns pour que cette défiance apparaisse). Évidemment, certains team-ups se révèlent moins mémorables que d’autres, ainsi on ne peut s’empêcher de se dire que Bob Haney maîtrise moins bien les personnages féminins, tant sa Wonder Woman est insipide, malgré quelques utilisations du lasso rigolotes, comme celle où elle s’en sert pour générer une tornade en le faisant tournoyer au-dessus d’elle. Les Metal Men sont également peut-être trop nombreux pour être un peu personnalisés en si peu de temps, surtout lorsque Bob Haney en fait un double team-up en ajoutant encore Green Arrow à l’intrigue. Pour le reste, on est ravi de voir des personnages comme Mister Miracle, qui apporte quelques autres éléments du Fourth World avec lui mais on ne vous en dit pas plus, Deadman, le Phantom Stranger, deux personnages toujours candidats à de chouettes histoires mystiques, Plastic Man, l’occasion de faire apparaître une touche plus légère, ou encore… Jim Aparo lui-même ?! On n’en dit pas plus !

Du mystère frissonnant, de l’action trépidante, des rebondissements excitants, ce second tome de Batman – La Légende vous emmènera vivre des aventures folles aux côtés de ses nombreux partenaires, qu’on apprécie ou découvre avec un plaisir simple. C’est une vraie bénédiction qu’Urban nous apporte ces histoires d’un autre temps, qui soufflent une vent de fraîcheur sur leur catalogue.

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TheRiddler

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kav84
kav84
9 années il y a

Je me suis procuré le premier tome le mois dernier, j’ai pas trouvé ça génial. C’est marrant 10 min mais Batman est tellement brave, un vrai boy scout, c’est parfois un peu ridicule et les scénarios sont un peu chiants. Mais sinon les dessins sont magnifiques.
Bref je prendrai pas ce 2 ème tome.

BatFed
BatFed
9 années il y a
Répondre à  kav84

Comme c’est bien dit dans la review, c’est vraiment une autre époque, une attente complètement différente des lecteurs. Et c’est ça qui est hyper intéressant. Par contre, c’est vrai que c’est un prix élevé (je dis pas que c’est cher par rapport au contenu ou le nombre de pages, non le tarif est légitimé), quelqu’un sait (TheRiddler tu es le premier visé, tu sais qu’il manque des épisodes) combien de tomes suivront après celui-ci ?

valdu51
valdu51
9 années il y a
Répondre à  TheRiddler

Ha dommage … On pourrait peut être espérer d autres tomes de la part d urban vu leur super travail éditorial non ?

valdu51
valdu51
9 années il y a
Répondre à  valdu51

OK merci ;)

DarkChap
DarkChap
9 années il y a
Répondre à  TheRiddler

Je sais pas si c’est le dernier, mais c’est en tout cas le deuxième avant un bon bout de temps si Urban attend DC. Je pense que DC va continuer leur réédition du travail d’Apéro. Ils prennent juste leur temps et avance sans grande certitude, un peu comme toujours.

DarkChap
DarkChap
9 années il y a
Répondre à  DarkChap

*Je pense que DC va continuer leur réédition du travail d’Aparo. Ils prennent juste leur temps et avancent sans grande certitude, un peu comme toujours.

valdu51
valdu51
9 années il y a
Répondre à  DarkChap

En même temps vu le contenu du tome on en a pour un moment

valdu51
valdu51
9 années il y a

Je le prendrais dans les mois a venir .
C est toujours bien de voir l évolution de batou a travers différentes époques .

Nicomario
Nicomario
9 années il y a

Un Bat-fan est obligé de posséder cette ouvrage ;)

valdu51
valdu51
9 années il y a
Répondre à  Nicomario

Personnellement je te dirais que non , après c est a toi de voir si tu veux voir comment était traité Batman durant cette période .
Après c est vrai que c est quand même un budget , mais si t es vraiment fan c est toujours un plus .

AllStarDK
Invité
AllStarDK
9 années il y a
Répondre à  valdu51

Après un lecteur de l’époque ne reconnaîtrait pas le Batman d’aujourd’hui et dirait les mêmes critiques que toi. ça dépend de quelle batman l’on est fan, mais ça reste une époque de Batman très intéressante

DarkChap
DarkChap
9 années il y a

Je dirais pas que c’est un indispensable mais je pense que c’est très bon (un peu moins que le tome précédent cela dit) et que ça mérite le détour, bien davantage que la grosse majorité des autres sorties Urban. Maintenant, 35€ c’est quand même violent et mieux vaut se prendre la VO.

DarkChap
DarkChap
9 années il y a
Répondre à  TheRiddler

Et j’aime bien ce numéro, le team-up loufoque avec Plastic Man, l’histoire montrant Aparo et Haney participer à l’intrigue, et Deathmask (que je dois avoir en trois ou quatre exemplaires) mais je trouve que dans l’ensemble le premier était plus mémorable (Batman contre Hitler, Atom bondissant dans le cerveau de Batman, Deadman désireux de rester dans le corps du criminel, le team-up avec le Joker, Wildcat contre Batman, Kamandi…).
Après, c’est plus une question de sensibilité. Les deux se valent et je suis certain que les fans du premier aimeront le deuxième.

CaptainMasked
9 années il y a

J’ai toujours du mal avec les dessins que je trouve vraiment « aveuglants ».

T]osh`iki
T]osh`iki
9 années il y a

Je me le prendrais c’est sûr. Mais je ne sais pas encore quand.

Strax
Strax
9 années il y a

J’ai juste commencé à le lire, mais bien évidemment je suis extrêmement heureux des choix éditoriaux d’Urban, qui montre avec ce genre de sortie (comme quelques mois avant avec Green Lantern/Green Arrow) leur volonté d’être complets et largement accessibles (35 euros pour plus de 500 pages, cherchez un autre éditeur de comics qui en fasse autant), afin de proposer aux fans comme aux néophytes un vrai panorama du catalogue DC sur le long terme !
Et comme la grosse majorité des autres sorties Urban. c’est un indispensable !

pioupiou
pioupiou
9 années il y a

Je viens de me mettre à la lecture de ce tome de depuis peu, et pour l’instant l’histoire que je préfère est celle où le dessinateur et le scénariste entreprennent de sauver la vie de deux personnages. J’aime bien l’idée.

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