[Review VO] Batman #33 (bilan Zero Year)

Batman #33 Zero Year review
Les points positifs :
  • Riddler, un méchant magnifié
  • Les prises de risques sur le mythe
  • Les dessins et ses couleurs
Les points négatifs :
  • Encore une fin un peu décevante
  • Le nouveau Gordon
  • Ce fut bien long tout de même

« You have to know… I’ll never quit. » – Bruce Wayne, à Alfred


  • Scénario : Scott Snyder Dessins : Greg Capullo, Danny Miki (encrage) – Couleurs : FCO Plascencia – Couverture Greg Capullo, Danny Miki et FCO Plascencia, Paolo Rivera (variante), Bryan Hitch et Alex Sinclair (variante 75 ans)


Nous y voilà, enfin ! Zero Year se termine ! L’ultime confrontation entre Batman et The Riddler, confrontation qui s’annonce musclée… du cerveau. Riddler s’apprête à poser des énigmes à Batman, qui sous peine de mauvaises réponses, devra regarder sa ville exploser en petits morceaux. Pendant ce temps là, Gordon et Lucius Fox tentent d’arrêter les avions près à balancer une bombe nucléaire sur Gotham, méthode la plus radicale pour se débarrasser de la nuisance que pose cette ville depuis quelques temps à cause de Nigma.

Voilà, c’est fini…

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Je sais, c’est difficile à nier maintenant, mais ce périple Zero Year fut long. Snyder ne sait pas (trop) faire d’histoires courtes. Pas que ses intrigues soient réellement compliquées, c’est juste qu’il a tellement de dialogues à poser, que parfois, ça prend beaucoup de place pour peu d’éléments d’intrigues. Heureusement, les dialogues sont bien écrits, pour la plupart, et l’ensemble passe plutôt crème. Mais cela fait plus d’un an maintenant que ce Zero Year a débuté, et il faut bien avouer que malgré la qualité croissante (selon moi) de l’event, on pouvait clairement commencer à se lasser. Hélas, ce numéro ne déroge pas à la règle de la longueur. Le combat mental entre Batman et Nigma prend pas mal de place et de bulles (ce qui est logique pour un combat mental), au détriment de l’épilogue un peu trop vite expédié selon moi, avec des éléments hélas, sortis un peu de nulle part, bien qu’importants pour comprendre la psyché de Bruce Wayne et de qui sera Batman. Nous avons l’habitude de dire que les finales de Snyder sont bof. Ici, pas de fausses déclarations ou de grand doutes, tout est dit, clair et concis, mais je ne peux m’empêcher de penser qu’il manque ce souffle épique que l’auteur avait su insuffler à ses derniers numéros. Si l’affrontement contre Riddler reste assez intense et intelligemment écrit, l’épilogue manque de force. J’aurais imaginé qu’il aurait fait un lien avec ce qu’il a mis en place dans Eternal, mais il n’en est rien. Cela reste très centré sur Batman et la ville de Gotham, une description que l’on connait par coeur sur le rapport entre le héros et sa ville, tant l’auteur nous la sert quasiment à chacune de ses histoires. Pour le coup, le soufflet retombe gravement et cette fin, comme toutes les autres, devient convenue et « plan-plan », une fois de plus, et c’est la déception qui pointe le bout de son nez. Rageant.

La beauté du geste

Batman_33_2

Malgré tout, peut-on être globalement déçu de tout l’event ? Snyder a pris quelques risques (peut-être un peu forcés) pour s’éloigner de Year One, tout en faisant des clins d’oeil appuyés à Frank Miller. Quelques prises de risques qui viennent bouleverser un peu le mythe de Batman, le plus évident étant que cela soit le Red Hood qui a inspiré Bruce Wayne à porter un costume et non l’inverse. Dans ce numéro, les références et les changements ne transpirent pas, si ce n’est toujours, d’imposer le Riddler en premier grand ennemi de Batman. Ce qui en soi, était assez audacieux. Audacieux car ce n’est pas le premier personnage auquel on aurait pensé pour ce rôle, ensuite parce qu’il est très difficile à écrire de part sa nature et son rapport avec les énigmes. Enigmes que l’auteur se doit d’imaginer et qui doivent être à la hauteur du personnage. Si j’étais sceptique de sa participation dans le deuxième acte de l’event, le Riddler explose vraiment en qualité et profondeur dans cette troisième partie, et ce grand final lui fait vraiment honneur, mettant clairement le personnage en haut du panier. Snyder lui offrant même, oserais-je dire, une de ses meilleures histoires (et l’éloignant définitivement des bouffonneries du Joker, auquel on l’a souvent rattaché par le passé). Je dirais que pour le développement du personnage de Riddler, ce numéro, et l’ensemble de l’event, vaut vraiment le coup.

Bon flic, mauvais flic

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Reste maintenant quelques confusions selon moi dans le développement de James Gordon, l’autre héros de l’histoire (histoire de copier un peu Year One sur le principe, mais s’en éloignant grandement sur la forme). Snyder nous ressort d’ailleurs dans ce numéro l’histoire du manteau de Gordon, montrant un Bruce Wayne déterminé à faire de nouveau confiance au futur commissaire et ancrant ainsi définitivement leur relation, qui reste, malgré ce que je vais dire ensuite, bien traitée dans ce numéro et le reste de l’event. Mais cette histoire de manteau a selon moi quelques lacunes et manque de crédibilité et ne colle pas vraiment au personnage de Gordon tel qu’on le connait. Snyder a changé un peu aussi cet aspect du personnage, le rendant plus faillible et moins droit que ce qu’il n’était auparavant. D’ailleurs, l’auteur poursuit encore dans cette lancée avec Eternal (même si l’idée est sans doute de nous prendre à contrepied là bas, mais on en reparlera dans un cadre plus approprié). Ce côté faillible et corruptible du jeune Gordon est selon moi, une mauvaise note. J’ai du mal à concevoir un Gordon faiblard et non déterminé, sans que Batman arrive à le pousser vers l’avant. Ici, Snyder nous donne le sentiment que sans Batman, Gordon n’a plus de ressources. Cela ne colle pas avec ma vision du personnage, Gordon est pour moi un flic infaillible et résolu, Batman ou pas Batman. Si cela intensifie la relation entre les deux personnages, cela dessert clairement le Commissaire (encore lieutenant dans Zero Year). Libre à vous d’apprécier ou non cette nouvelle interprétation du personnage, qui ne manque certes pas d’audace mais qui je pense, affaiblit l’aura d’un personnage qui n’avait pas besoin de ça. Et à côté de ça, il y a aussi du changement pour Bruce Wayne, qui voit son passé en prendre un gros coup dans ce numéro, exposant le personnage à sa folie de manière très très directe, dans les flashbacks de ce numéro. Cela m’a relativement choqué, bien qu’une fois de plus, j’applaudis l’audace, et j’en serais même presque à approuver la démarche si je ne trouvais pas cette ficelle trop grosse et trop peu exploitée pour l’importance qu’elle représente selon moi. Une relecture de l’event sera sans doute nécessaire pour mieux apprécier cet aspect qui vient conclure en quelques sortes, la série de flashbacks distillée dans tout l’event. Je ne peux en dévoiler plus pour ne pas vous gâcher la « surprise », mais sachez juste que Bruce Wayne a pensé à d’autres solutions que celle de combattre le crime.

Couleurs chatoyantes et traits majestueux

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C’est toujours la même rengaine de beauté que nous servent ces trois artistes sur ce numéro. Plascencia ressort une fois de plus ses couleurs pastels et en abuse un peu dans le repère du Riddler, qui nous rappellerait presque le plateau d’un jeu télévisé, où les décorateurs auraient été sous acide. Le parti pris graphique de cet event aura su évoluer avec l’histoire, et ce dernier numéro reprend toute les époques en une seule. Riddler et Batman, leur confrontation assez marquante, peut rappeler, sans aucun doute, quelques souvenirs aux plus vieux des lecteurs, renvoyant à cette époque colorée du Silver Age, limite psychédélique. Tandis que la dernière planche (voir l’image ci-dessus, et ne me dites pas que ça spoile), avec ce Batman sur fond rose et cette détermination dans le regard, nous renvoie vers un ton plus sombre, moderne et très « Year One », à noter d’ailleurs qu’il en perd ses gants violets. Si cela continuera à ne pas être au goût de tous (j’ai détesté puis appris à m’y faire et enfin à apprécier), il faut relever l’audace de ce parti pris graphique et de cette colorisation complètement folle sur un titre Batman. Zero Year n’aurait clairement pas la même identité sans elle. Et que dire des traits de Capullo et Miki, qui ont réalisé un sans faute pour cet event, tout en étant continu et régulier dans leur travail, sans jamais faillir ou rater un numéro. On pourra toujours tergiverser sur la qualité scénaristique globale de l’event, ou à la limite, sur les couleurs, si on veut, mais Zero Year restera je pense dans les mémoires pour la puissance et la qualité de ses dessins, qui auront sublimé l’odyssée du jeune Batman avec brio. C’est un gros « pouce vert » pour Greg Capullo et Danny Miki (et j’ai envie d’inclure Plascencia sans aucun regret, d’où la note).

Non sans défauts, et avec une fin, une fois de plus, relativement convenue, Zero Year restera je pense, malgré tout, dans les annales encore un moment. Snyder aura réussi, cette fois-ci, à prendre quelques vrais risques et à les imposer au mythe du chevalier noir, incluant Gotham City comme une véritable actrice de la genèse de l’homme chauve-souris, ce qui transparait là aussi, bien, dans l’épilogue. Nous pourrons toujours contester quelques uns de ses choix, suivant les goûts, les couleurs et l’enthousiasme de chacun. On ne peut que reconnaitre que pour n’importe qui, passer après le Year One de Frank Miller, c’est quand même une sacrée tâche de l’extrême, frisant l’impossible. Comment pouvoir prétendre faire mieux ? En tout cas, une chose est certaine, c’est que c’est différent. Et ce malgré les clins d’oeil évident à cette précédente version du mythe. Avec ses qualités et ses défauts, le temps nous dira avec conviction si oui ou non, Snyder aura su marquer les esprits avec son Zero Year sur le très long terme, comme Miller avant lui. Je me laisse à penser que oui, ne serait-ce que pour cette jeune génération de lecteurs que nous voyons fleurir sur DC Planet tous les jours, mais hélas, je ne suis pas un prophète (enfin, pas un confirmé), donc tout reste à prouver.

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Corentin
9 années il y a

Oh tu chipotes sur Gordon, Freytaw. L’auteur a parfaitement le droit de déformer l’interprétation classique d’un personnage, voire d’un univers, du moment que ça sert une vision construire et innovante.
Enfin il paraît hein ! Je sais plus qui m’a dit ça, d’ailleurs. ^^

Corentin
9 années il y a
Répondre à  Freytaw

Non, je suis d’accord avec toi sur le dessin. C’est déjà bien non? ^^

DarkChap
DarkChap
9 années il y a

Assez d’accord avec cette opinion. Par biens des aspects, c’est un excellent récit, qui n’est cependant pas exempt de défauts. Je ne pense pas qu’il aura le rayonnement d’un Year One mais effectivement, only time will tell.

ArnoKikoo
9 années il y a

Je crois – il faudra relire tout ça – que dans l’ensemble je suis plutôt satisfait de ce Zero Year, mais cette dernière partie était pour moi poussive, lente, et assez paresseuse au final (en effet, quelle fin convenue… en même temps, que pouvait-on espérer d’autre).

Reste effectivement cette révélation sur Bruce que j’aimerais trouver plus osée si on en retrouvait des traces ailleurs (ça reste à faire), et ce petit « What if ? » plutôt bien fichu – même si ça rappelle, comme beaucoup d’éléments de cette dernière partie, le dernier film de Nolan.

En somme, je suis surtout content qu’on va pouvoir passer à autre chose !

Corentin
9 années il y a
Répondre à  ArnoKikoo

Oh, paresseux non, y a un peu de recherche sur le Riddler quand même. Et proportionnellement au travail de Scott Snyder en général (Night of the Owls, DOTF), c’est une fin tout ce qu’il y a de plus habituel. Je dirais même qu’il est plus logique de finir sur du convenu avec une origin story, où en général la fin est déjà connue du lecteur et où c’est plutôt le voyage qui importe, plus que l’arrivée.
Et comme tu dis, y a au moins un peu de prise de risque dans les flashbacks.
Enfin bref par rapport aux premiers numéros, au moins la fin sauve les meubles.

Raeve
Raeve
9 années il y a

Vivement une sortie librairie en France! Même si Snyder à toujours un peu de mal avec ses fins, ses récits sont souvent assez haletant tout du long et voir Nigma en méchant principal me plait bien!

bouiboui
bouiboui
9 années il y a

Pas encore lu mais je regrette que le Red Hood soit sorti de l’arc de manière aussi convenue. J’espère de tout coeur qu’Eternal nous lâche un très grand Joker voire le prochain arc de Sny/Cap. Seul Morrisson en a fait quelque chose de ce bonhomme, Snyder pour le moment l’a juste mutilé, dans les deux sens du termes. Ce qui est bien -sans doute pour faire un contrepied avec la scène de chirurgie du film de Burton- mais pas assez.

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