[Review VO] Batman and Ra’s Al Ghul #32

Batman and Ra's Al Ghul #32
Les points positifs :
  • La dualité entre Batman et Ra’s
  • La présence de Frankenstein
  • Des expressions de visages très bonnes.
Les points négatifs :
  • Un Batman assez border-line qui peut déplaire.
  • Action un peu trop statique et brouillonne.

« You’re too late and you have come a long way to fail, Detective… » – Ra’s Al Ghul


  • Scénario : Peter J. Tomasi Dessins : Patrick Gleason – Encrage : Mick Gray – Couleurs : John Kalisz – Couverture Gleason, Gray, Kalisz


C’est dans une intensité vibrante que Batman s’apprête à affronter Ra’s Al Ghul dans un combat dantesque pour récupérer le cadavre de son fils ! Mais ils ne sont pas seuls ! Batman sait s’entourer, ainsi, il débarque dans les dessous de la cité séculaire Nanda Parbat (qui a pris le large pour l’instant, oui la ville a pris le large, me demandez pas, je ne suis pas auteur, et je n’ai pas pris de drogues) accompagné du monstre de Frankenstein (qui se fait appeler comme son créateur, par commodité et surtout par dépit) et de quelques Yétis bien décidé à déloger Ra’s et sa bande d’assassins et de Men-Bat. La charge est sonnée et le combat s’annonce violent et retentissant. Seule la colère anime les deux parties. Chacun veut, à sa manière, préserver sa dynastie !

Une question d’héritage et un duel au sommet.

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Si les affrontements entre Batman et Ra’s ne sont concrètement rien de nouveau, la forme que prend celui-ci est plutôt efficace ! Commençons par évoquer le décor : un puits de Lazare gigantesque, une grotte antédiluvienne que jamais personne n’a foulé ou presque, tout ceci pourrait être relativement convenu pour un affrontement entre ces deux antagonistes. D’ailleurs, cette opposition est bien au centre du numéro. Tomasi a clairement compris quels idéaux opposaient les deux hommes. Ra’s veut redorer le blason de sa famille, ramener sa fille (ce qu’il pourrait bien réussir au vu de la situation) et poursuivre sa quête à travers la renaissance de son petit fils, DamianBatman, qui a enfin fait son deuil, cherche, d’après ses dires, à préserver la sérénité et le repos éternel de son fils. En vérité, j’ai tout de même plus envie de croire que sa réelle motivation est similaire à celle de Ra’s, elle concerne sa lignée. Ici, on ne parle pas réellement de dynastie familiale, car il ne compte plus faire revivre son fils. Mais bien de lignée de Batman. Même si c’est toujours très subtil, Tomasi renvoie sans cesse à travers ses dialogues, et parfois ses cases (avec quelques flashbacks appuyés) au run de Morrison, Damian oblige. Même si ce n’est clairement pas évoqué, Batman ne veut clairement pas que son enfant tombe dans les mains de Ra’s et devienne un nouvel Hérétique, ou pour aller plus loin dans le délire, le Batman du futur, qu’il a eu en vision (toujours dans le run de Morisson). Chacun de ses deux hommes, qui veulent quelques part la même chose sur ce monde : une paix durable, se battent finalement l’un contre l’autre dans un but relativement personnel : préserver leur vie et leur idéologie. Les « détective » de Ra’s Al Ghul (terme qu’il aime employer quand il dénomme Batman) n’ont jamais été aussi haineux. Le respect mutuel que s’offrent généralement ces deux passionnés s’effritent ici très clairement à cause d’un passé qui se complique de plus en plus avec l’âge que prend la chauve-souris (si l’on ignore toute notion de continuité et que l’on ne regarde que le parcours entre les deux personnages). Une relation opposée qui doit trouver son terme, dans un combat à mort. Si Batman ne fait que prévenir, il prononce l’idée de tuer Ra’s si ce dernier s’enfuit avec les restes de Damian. Batman, toujours, dictera à Frankenstein de ne pas intervenir dans son combat contre le « démon », que c’est une affaire strictement personnelle. C’est l’heure des explications, des règlements de compte, toute ces heures de souffrance doivent se concrétiser dans cet affrontement. Tomasi offre un « terme » parfait au run de Morrison qui, en soit, n’en avait absolument pas besoin, bien au contraire, pourtant ce dernier a clairement lancé un appel à la fin de Batman Inc. Si Snyder a décidé de l’ignorer complètement pour partir sur tout autre chose, Tomasi embrasse l’idée de recommencer la boucle et chacun des numéros impliquant de près ou de loin Damian depuis sa mort fonctionne en ce sens (les numéros sur Two-Face étant, à mon sens, relativement à part). L’intrigue va partir dans des sphères complètement folles pour la suite, avec Robin Rises : Omega que j’attends de pied ferme, tant je ne sais pas jusqu’à quel degré Tomasi va continuer d’explorer les restes laissés par Morrison.

Un affrontement plus large et une violence affichée.

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L’autre véritable point fort du numéro, c’est la présence du monstre de Frankenstein. Si, en soi, il pose certaines connaissances du monde mystique de DC qui vient compléter celle de Batman et Ra’s, il est surtout là pour taillader du vilain ! Et c’est un apport étonnant et relativement fun au Chevalier Noir. J’aime voir ce personnage gagner en importance et prendre de l’ampleur (alors que je n’aurais jamais parié sur lui à l’arrivée des New 52 en Septembre 2011, et pourtant). Son flegme, sa patience, mais aussi ses performances en combat en font un personnage relativement intéressant, même en tant que simple invité comme il l’est ici. Si ce n’est pas ici que l’on va globalement approfondir son caractère, c’est tout de même dans cette idée constante d’imposer de nouveaux outsiders relativement balaises dans le DC Verse que son intégration à l’histoire reste pleinement naturelle, et franchement fun. Son style de combat diffère clairement d’un Batman normalement plus posé et moins colérique qu’il ne l’apparaît ici (mais il a de bonnes raisons). Ainsi, voir trancher des têtes de Man-Bat ou flinguer des assassins de la Ligue, c’est visiblement normal. C’est un personnage plutôt violent, et il se montre ici en parfaite adéquation avec la colère de Batman qui, si il ne tranche la tête de personne, va aller très très loin. Clairement, Frankenstein vient poser un contraste nécessaire au comportement complètement border-line de Batman qui, si on s’ouvre bien au récit, comme j’ai essayé de le démontrer plus haut, à toutes les raisons du monde de péter une pile. Il est cependant peut-être vrai aussi d’affirmer que cela lui arrive un peu trop souvent depuis la mort de Damian et que le « out of caracter » n’est pas très loin, mais à titre personnel, je trouve que cela fonctionne. Si l’affrontement sera surtout intense entre lui et Ra’s, les autres partis vont bien se défendre aussi. Je ne vais pas revenir sur Frankenstein, qui fera tout ce qu’il peut pour contenir les Men-Bat, mais il y a aussi ces yétis qui sautent sur les assassins, ce qui donne un côté totalement burlesque et inattendu au combat, bien qu’ils serviront à terme, plus de chair à « épée » que de véritables atouts en combat… Ils affrontent la Ligue des Assassins tout de même !

De l’action en demi-teinte mais des expressions fabuleuses.

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Si je continue d’adorer le travail de Gleason sur cette série, par ses visages et les expressions qu’il arrive à donner aux personnages, je relève cependant quelques faiblesses ici. Le problème est, je pense, dans le brouillon que nous offre les combats. Ces dessins sont bien trop statiques pour apporter une véritable richesse visuelle à l’ensemble, et certains traits sont plutôt imprécis question dynamique. C’est surtout vrai pour le combat qui se développe en intérieur (même s’il est relativement court, il tient sur deux ou trois pages). Le combat extérieur, le vrai duel « final » entre Batman et Ra’s offre, lui, des plans plus serrés, ce qui a plus d’impact et rend beaucoup mieux, même si cet aspect « figé » nuira un peu à certaines actions, comme la sensation d’impact des coups. Rien de bien dramatique cependant, puisque le numéro offre d’autres éléments visuels relativement frappants, avec des choix de couleurs justes. J’adore les premières pages et la discussion posée (ou presque) entre les deux antagonistes (et leur armée respective), avec les reflets verts du Puits de Lazare qui donne un air de « feux de camp » mystique à l’ensemble. « Dis Ra’s, on se raconte des histoires d’horreur auprès du feu ? J’ai emmené un monstre avec moi en plus ! ». Pour en revenir plus sur les visages, j’aime son Frankenstein de près, qui a une vraie tête de cadavre ! Oui, c’est un compliment. C’est totalement réussi et assez glauque dans l’idée, mais en même temps, le concept même de ce personnage est quand même super glauque ! Reste ensuite l’expression affichée de Ra’s Al Ghul qui mélange à la fois démence et fatigue, son maquillage se mêlant avec ses cernes, et ses rides se plissant à chaque case un peu plus. Nous avons vraiment affaire à un Ra’s fatigué, ce qui fonctionne bien avec cette idée de passation de pouvoir et de dynastie qu’il envisage avec le retour de Damian. Reste bien sûr ces jeux d’ombres et cet encrage de Mick Gray toujours omniprésent et assez marquant, pour renforcer la noirceur ambiante dans le comportement des protagonistes. La colère visible de Bruce sur les dernières pages m’a donné des frissons. Cet affrontement dans la neige reste globalement assez épique au final. Bien sûr, il y a cette dernière page, que je n’ai absolument pas évoquée pour le moment, qui est juste terriblement surprenante en plus d’être assez classe (proposant des teintes de rouge, ce qui change du noir, du vert, ou du blanc…).

Un numéro franchement intense pour un final qui va en crescendo et un cliffhanger totalement surprenant (du moins pour ceux qui n’ont pas lu ou ont réussi à oublier les sollicitations, comme moi en fait). Si l’on passera sur quelques travers que j’estime, à mon sens, maîtrisés sur la caractérisation fébrile de Batman, la puissance et l’aura des personnages de ce numéro suffisent à en justifier l’achat. Et ce n’est pas tous les jours que Batman fera équipe avec Frankenstein et des Yétis pour combattre la Ligue des Assassins ! Si la « chasse pour Robin » tente de se conclure ici, la suite s’annonce absolument mystérieuse. Et l’apparition de ce vieux personnage jusque-là absent des New 52 (du moins, il me semble, en tout cas pas au premier plan) est assez déstabilisante ! Robin Rises : Omega s’annonce différent mais sera, je pense, tout aussi intéressant que la chasse pour Robin ! En tout cas, j’ai confiance !

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spectra
spectra
9 années il y a

thx pour cette (bonne) review, La fin était assez surprenante effectivement!! J’aime beaucoup en tout cas le Batman de Tomasi, il prolonge parfaitement ce que Morrisson avait entreprit, certainement la meilleure série de la bat-family, ou au moins la plus constante dans sa qualité.

Corentin
9 années il y a

La fin est complètement bizarre, je m’attendais à une Batman & Two Face bis dans laquelle Tomasi va encore un peu plus loin avec les limites à ne pas franchir, et finalement ça part dans un cliffhanger étrange, je me demande où ça va aller ^^
Mention spéciale aux premières pages, l’ambiance que Gleason donne à la scène avec le jeu des éclairages (et le Batman très ombragé) est génial. Sinon, je ne vois pas en quoi ce serait out of character, on parle d’un père endeuillé là (puis si on excuse la caractérisation de Snyder, on fout la paix à Tomasi xD), tout est justifié.

Corentin
9 années il y a
Répondre à  Freytaw

Justement, il était serein, c’est Ra’s qui le pousse dans ce retranchement (menacer sa famille, tout ça… ^^). Et ça ne tombe pas de nulle part, le lien avec la famille Al Ghul est quand même devenu un des grands motifs de ces dernières années. Ra’s aussi commence à perdre la tête, avec ses erreurs de calcul sur les Lazarrus Pit.
Dans toute cette histoire, c’est d’abord un père et un grand père qui se disputent suite à la disparition d’un être cher. Ce qui conduit évidemment à des colères absurdes de ce genre. Et puis crever les yeux de quelqu’un, bon, ça nous est tous arrivés un jour, faut pas dramatiser non plus ^^

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